Comment le Vietnam met en œuvre l'intelligence artificielle : de la législation aux solutions concrètes
Hanoi, vrijdag, 21 november 2025.
Le Vietnam va au-delà de la simple réglementation : alors que le pays présente un projet de loi ambitieux sur l’intelligence artificielle, axé sur son impact sociétal, une entreprise comme Viettel Solutions mise déjà sur des problèmes réels. Au lieu de simples démonstrations technologiques, elle se concentre sur des améliorations concrètes : une réduction de 30 à 50 % des erreurs internes, ainsi qu’un dossier médical électronique mis en œuvre en deux mois – une durée habituellement nécessaire à plusieurs mois pour une transition classique. Le cœur de la démarche ? Utiliser l’IA pour résoudre des problèmes réels, et non pour faire impression. Cette combinaison de réglementation responsable et d’application pratique offre une leçon précieuse aux autres pays, y compris les Pays-Bas, sur la manière dont la technologie peut véritablement contribuer à la vie quotidienne.
La législation vietnamienne sur l’IA : un équilibre entre innovation et responsabilité sociétale
Le vendredi 21 novembre 2025, la République du Vietnam présentera, lors de la 10e session de l’Assemblée nationale, le projet de loi sur l’intelligence artificielle (IA), un cadre législatif structuré en huit chapitres et 63 articles [2]. Ce projet, présenté par le ministre Nguyen Manh Hung, vise à institutionnaliser les politiques de l’État et du Parti, à stimuler l’innovation et à maîtriser les risques, tout en protégeant les intérêts nationaux, les droits fondamentaux et la souveraineté numérique [2]. Le principe fondamental de la loi est le suivant : « l’intelligence artificielle doit servir l’humain, et non le remplacer » [2]. La réglementation de l’IA repose sur un niveau de risque, encourage le développement et l’autonomie nationaux en IA, et prévoit des mesures systématiques pour la gestion, la recherche, le développement, l’application et l’utilisation des systèmes d’IA, y compris par des organisations étrangères opérant au Vietnam [2]. La Commission des sciences, de la technologie et de l’environnement, présidée par Nguyen Thanh Hai, souligne que le développement de l’IA a une profonde influence sur l’emploi, les droits à la vie privée et les valeurs culturelles, et recommande d’ajouter des principes concernant la qualité des données d’IA – correctes, suffisantes, propres et vivantes – ainsi que des principes obligatoires de sécurité des réseaux et des données [2]. La loi remplace la Loi sur l’industrie des technologies numériques n° 71/2025/QH15, comblant ainsi des lacunes juridiques [2]. Le projet de loi est une législation-cadre souple, adaptée à l’évolution rapide des technologies, et doit être cohérente avec d’autres lois telles que le Code civil et la Loi sur la qualité des produits et des marchandises [2]. La Commission recommande également d’ajouter une section spécifique à l’utilisation de l’IA dans la formation, la recherche et l’innovation, car le projet actuel ne prévoit pas de règles à ce sujet [2]. La loi prévoit notamment des interdictions, telles que l’utilisation de l’IA pour manipuler des votes, produire du contenu frauduleux, commettre des fraudes ou compromettre la sécurité nationale [2]. Le projet sera ajusté en fonction de l’évolution rapide des technologies de l’IA et doit être conforme à des textes comme le Code civil, la Loi sur la qualité des produits et marchandises, et le Traité de Hanoï (signé en octobre 2025) [2].
Les données open source pour l’IA : la base d’un écosystème national d’intelligence artificielle
Le Vietnam construit une infrastructure stratégique pour l’intelligence artificielle en lançant le projet ViGen, un ensemble de données vietnamiennes open source destinées à la recherche, au développement et à l’application de l’intelligence artificielle [5]. Ce projet est initié par l’Institut national de l’information (NIC), désigné par le décret n° 1131/QD-TTg du 12 juin 2025, et soutenu par la Résolution 57-NQ/TW du 22 décembre 2024 [5]. Le projet ViGen est intégré au Vietnam Innovation Challenge Program 2025 et est mis en œuvre en partenariat avec des entreprises telles que Meta Group, l’organisation AI for Vietnam, NVIDIA, Viettel AI, Misa et Genetica [5]. L’objectif de cette base de données est de refléter l’identité linguistique vietnamienne, y compris les expressions naturelles et les valeurs culturelles, et constitue un élément essentiel pour le développement d’un grand modèle linguistique vietnamien d’ici 2030 [5]. La première version de la base de données ViGen est attendue en octobre 2025, mais le 21 novembre 2025, elle n’est pas encore publiée et son statut de déploiement reste flou [5]. Cette base servira de fondement aux solutions d’IA « made in Vietnam », visant à améliorer la qualité de vie et à résoudre des défis socio-économiques tels que l’éducation, la santé et la sécurité [5]. L’infrastructure de collecte des données est en cours de développement, incluant la définition de normes de données et la mise en place de plateformes techniques pour la qualité, la sécurité de l’information et la scalabilité [5]. Le directeur du NIC a appelé à une collaboration entre experts, scientifiques, entreprises et organisations lors de la réunion de consultation tenue le 19 novembre 2025 [5]. La création d’une infrastructure vietnamienne de données open source est perçue comme une mesure stratégique qui pose les bases du développement d’un écosystème d’IA national, renforçant non seulement la compétitivité des organismes de recherche vietnamiens et des entreprises locales, mais aussi en accord avec la politique et la législation vietnamiennes sur les données ouvertes [5].
Viettel Solutions : l’IA comme outil pour des problèmes concrets, pas comme simple démonstration
Viettel Solutions, une division du groupe Viettel, se concentre sur l’intégration de l’IA dans les processus d’entreprise et le développement de produits afin de proposer des solutions numériques concrètes et pratiques [6]. Au lieu de se limiter à des démonstrations technologiques, elle s’attaque aux « points douloureux » de la gestion interne, comme la gestion des processus d’entreprise et le service client, ce qui a permis de réduire les violations dans la gestion d’entreprise de 30 à 50 % [6]. L’assistant IA interne de Viettel Solutions accélère la recherche de documents : les employés n’ont plus qu’à taper une question, et la réponse apparaît en quelques secondes [6]. L’entreprise investit dans une infrastructure matérielle comprenant des milliers de GPU pour entraîner et exploiter des modèles d’IA à grande échelle, et vise à constituer une équipe de plusieurs centaines d’ingénieurs IA spécialisés maîtrisant l’ensemble de la chaîne de valeur de la gestion de l’IA [6]. Viettel Solutions collabore avec des géants de la technologie comme NVIDIA et Qualcomm pour accéder à des technologies avancées, même en phase expérimentale [6]. À Hanoï, une démonstration a été menée en combinant l’IA et les données télécommunications pour créer une carte de circulation précise, comparable à Google Maps, mais adaptée aux spécificités urbaines de Hanoï [6]. Un autre succès concerne le déploiement de dossiers médicaux électroniques (DME) dans 27 hôpitaux militaires, réalisé en environ deux mois – une durée généralement nécessaire pour un seul petit hôpital [6]. Viettel vise une « IA universelle » – largement applicable, rapide et sécurisée – plutôt que des produits de démonstration ou des percées à court terme [6]. La philosophie fondamentale de Viettel Solutions est que « l’IA n’est pas un concurrent, mais un outil » qui favorise l’automatisation et résout les tâches manuelles répétitives, permettant aux humains de se concentrer sur des travaux créatifs, complexes et critiques [6]. Le vice-directeur général de Viettel Solutions, Le Thanh Cong, insiste : « Il s’agit de choisir les bons problèmes et de se concentrer sur ceux qui sont vraiment « douloureux », car c’est là que la technologie peut produire les changements les plus tangibles » [6]. L’entreprise a désigné l’IA comme un pilier stratégique pour la période 2026–2030 [6].
L’IA dans la sphère publique : des chatbots aux campagnes d’information pilotées par l’IA
Dans le secteur public, le Vietnam se concentre sur la création d’applications d’IA responsables visant à améliorer l’accessibilité de l’information et à affiner la prestation de services aux citoyens. Le projet de loi vietnamien sur l’IA considère l’utilisation de l’IA dans la formation, la recherche et l’innovation comme essentielle, et prévoit une section distincte pour ces domaines, car le projet actuel ne contient pas de réglementation à ce sujet [2]. Bien que l’utilisation concrète de l’IA dans l’information et la communication publique ne soit pas encore décrite dans les sources, le modèle d’Amsterdam fournit un exemple international pertinent : la Ville d’Amsterdam présente deux prototypes dans le cadre du projet AI Futures, où l’IA travaille en arrière-plan pour soutenir les citoyens, ou où un agent IA personnel communique avec la ville au nom du citoyen [4]. Ces prototypes sont techniquement réalisables, mais soulèvent des questions critiques sur la faisabilité sociale, l’équilibre entre commodité et contrôle, ainsi que la conception éthique [4]. Le 21 novembre 2025, il n’est pas encore clair si le Vietnam a lancé un tel initiative dans le secteur public, mais le projet de loi prévoit de l’espace pour l’application de l’IA dans l’administration, en insistant sur la responsabilité et le contrôle humain pour les décisions importantes [2]. Dans un autre contexte, un rapport de l’Autorité vietnamienne des communications électroniques et des technologies de l’information évoque l’adoption de directives sur la responsabilité des développeurs et des acteurs de mise en œuvre, avec des amendes allant de 100 000 à 500 000 000 dongs (environ 18 000 à 90 000 euros) en cas de non-respect [3]. Ces directives sont applicables depuis le 20 novembre 2025 et s’appliquent aussi bien aux organisations publiques qu’au secteur privé [3]. L’application de l’IA dans l’information et la communication pourrait, à long terme, conduire à une fourniture d’informations personnalisées, où les citoyens reçoivent des informations spécifiques adaptées à leur situation, objectif et niveau de compétence linguistique, et où l’efficacité des campagnes est mesurée grâce à un retour en temps réel [4]. La mise en œuvre de tels systèmes dépendra de l’application du projet de loi et du développement d’une infrastructure de données d’IA responsable, comme ViGen [5].
Les défis de l’IA : confidentialité, inclusion et fiabilité
L’application de l’IA dans l’information et la communication publique apporte non seulement des avantages, mais aussi des défis significatifs, notamment en matière de confidentialité, d’inclusion et de fiabilité. Le projet de loi vietnamien reconnaît que le développement de l’IA a une grande influence sur les droits à la vie privée, l’emploi et les valeurs culturelles, et recommande donc l’introduction de principes obligatoires en matière de sécurité des données et des réseaux [2]. Bien que le projet de loi prévoie un cadre pour la responsabilité et la transparence, il n’est pas encore clair comment il sera appliqué au niveau des applications individuelles d’IA dans l’information [2]. La mise en œuvre de l’IA dans le secteur public, comme les prototypes de l’AI Futures d’Amsterdam, soulève des questions sur le contrôle des citoyens sur leurs propres données et le risque de dépendance technologique [4]. Au Vietnam, des cas de fraude ont déjà été signalés, où des vidéos deepfake de célébrités néerlandaises ont été utilisées via TikTok pour causer des pertes financières, mettant en évidence les dangers du contenu falsifié et de la manipulation par l’IA [2]. C’est pourquoi le projet de loi prévoit des interdictions, notamment l’utilisation de l’IA pour manipuler des votes, jouer à des jeux politiques ou compromettre la sécurité nationale [2]. La fiabilité des systèmes d’IA dépend de la qualité des données sur lesquelles ils sont entraînés, ce qui souligne l’importance du projet ViGen : une base de données open source correcte, suffisante, propre et vivante [5]. Sans cette base, les systèmes d’IA peuvent générer des biais, des erreurs et des conclusions non fiables. L’inclusion est une autre difficulté : si les données d’IA ne représentent pas toutes les catégories de la société, certaines groupes peuvent être exclus ou discriminés dans leurs applications [5]. La législation vietnamienne et les avancées du projet ViGen sont une étape dans la bonne direction, mais il reste incertain s’il existe des mesures explicites pour garantir l’inclusion dans les applications d’IA pour la communication publique [2]. L’efficacité future de l’IA dans l’information dépendra d’un équilibre entre innovation technologique, responsabilité et considérations éthiques.