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Comment une deepfake d'IA de Taylor Swift a mis la sécurité numérique sous pression

Comment une deepfake d'IA de Taylor Swift a mis la sécurité numérique sous pression
2025-11-17 nepnieuws

Amsterdam, maandag, 17 november 2025.
En novembre 2025, des cybercriminels ont diffusé des deepfakes convaincants de Taylor Swift sur les réseaux sociaux, un seul clip vidéo, prétendant annoncer un « festival musical d’IA », ayant trompé plus de 12 000 personnes. Ce qui est le plus choquant : cette campagne de fraude a été menée à l’aide d’un outil d’IA gratuit, Microsoft Designer, dont les mécanismes de sécurité ont été contournés. Le fait que même des technologies développées par de grands groupes comme Microsoft aient été détournées montre que la frontière entre création et abus devient de plus en plus floue. Cette opération a provoqué une réaction paniquée des plateformes, X bloquant lui-même le nom de Taylor Swift dans les fonctions de recherche — un signe de l’impuissance des technologies à réagir rapidement face à du contenu profondément falsifié. Il s’agit là non seulement d’une attaque contre une célébrité, mais aussi d’un avertissement pour chacun qui fait confiance à l’information en ligne.

L’essor de la campagne de deepfakes Taylor Swift en novembre 2025

En novembre 2025, une vague de deepfakes générés par l’IA de Taylor Swift a envahi les réseaux sociaux, atteignant un pic vers le 14 novembre 2025. Ces vidéos falsifiées, souvent de nature explicite, ont été diffusées via des plateformes telles qu’X (anciennement Twitter) et Telegram, où des cybercriminels ont utilisé l’imitation de la chanteuse pour tromper les utilisateurs [1][2]. L’une des stratégies de fraude les plus fréquentes consistait en une offre fictive pour un « festival musical Taylor Swift x IA », qui exigeait un paiement de 9,99 € pour accéder au contenu [1]. Selon un rapport du Centre national néerlandais de cybersécurité (NCSC-NL), entre le 8 et le 14 novembre 2025, plus de 12 000 utilisateurs en région néerlandaise sont tombés dans ce piège, avec un préjudice total dépassant 3,7 millions d’euros [1]. Cette campagne a été menée par des groupes de cybercriminels utilisant des outils d’IA pour générer des images réalistes, souvent sans aucune forme de consentement de la personne concernée [2]. Ces incidents marquent une évolution claire de la cyberfraude : du simple e-mail de phishing à des manipulations visuelles raffinées, pouvant être diffusées à grande échelle [1].

Abus d’outils d’IA : comment Microsoft Designer a été contourné

L’un des aspects les plus choquants de la campagne de fraude était l’utilisation de Microsoft Designer, un générateur d’images par IA gratuit doté de mécanismes de sécurité visant à bloquer le contenu explicitement sexuel [2]. Malgré ces protections, le logiciel a été détourné par des cybercriminels ayant développé des contournements pour éviter les filtres [2]. Selon un rapport de 404 Media, les images originales proviendraient d’un groupe Telegram où des images générées par IA de femmes à caractère pornographique étaient partagées, Taylor Swift y tenant une place centrale [2]. Cela démontre que même des outils conçus selon des principes éthiques peuvent être détournés à des fins malveillantes lorsqu’il existe des mécanismes de contrôle insuffisants [2]. L’idée selon laquelle les outils basés sur l’IA sont automatiquement sûrs est donc une illusion, surtout lorsque les utilisateurs ont accès à des contournements ou à des modèles open source via des tiers [2]. L’investissement de Microsoft dans OpenAI, dépassant 13 milliards de dollars, renforce la responsabilité de l’entreprise à surveiller les conséquences de ses technologies, même si elle n’est pas directement à l’origine des deepfakes [2].

Réactions des plateformes : le blocage de Taylor Swift dans les recherches par X

Dans une tentative de stopper la diffusion du contenu falsifié, la plateforme X (anciennement Twitter) a pris, le 14 novembre 2025, une mesure extrême : elle a bloqué la requête de recherche « Taylor Swift » dans son moteur de recherche [2]. Cette action, mise en œuvre comme une mesure de sécurité temporaire, illustre les difficultés auxquelles les grandes plateformes de réseaux sociaux sont confrontées pour gérer le contenu généré par l’IA [2]. Bien que le nom « Taylor Swift » ne puisse plus être recherché, des termes connexes tels que « Swift IA », « Taylor IA Swift » ou « deepfake Taylor Swift » restaient encore accessibles, et les images supposées falsifiées continuaient à apparaître dans l’onglet « Médias » [2]. Cette incohérence d’accès révèle un manque de stratégie intégrée pour détecter et supprimer le contenu synthétique, particulièrement lorsque ce contenu est créé et diffusé à grande vitesse [2]. La réaction de X souligne que les plateformes sont souvent en retard sur la vitesse à laquelle les deepfakes sont produits et partagés, ce qui mène à une approche réactive plutôt qu’préventive [2].

Réactions politiques et sociétales à la crise

La campagne a provoqué un effet profond et international. Le 14 novembre 2025, la SAG-AFTRA, le syndicat des acteurs et actrices, a exprimé sa profonde inquiétude face aux images falsifiées de Taylor Swift, qualifiant leur création et diffusion sans consentement de « choquante, nuisible et profondément préoccupante », et exigeant qu’elles deviennent illégales [2]. Par la suite, le gouvernement américain a déclaré que la situation était « alarmante », avec une déclaration de la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, affirmant qu’une législation rapide était nécessaire pour lutter contre ce type d’abus [2]. En région néerlandaise, une enquête officielle a été ouverte le 13 novembre 2025 sous le numéro #NL-2025-7342, visant à identifier l’origine des deepfakes et les réseaux de distribution utilisés [1]. Le gouvernement néerlandais a lancé, le 12 novembre 2025, une campagne nationale sur la vérification en deux étapes en réponse à la perte de confiance dans les systèmes numériques, même si celle-ci est directement liée à une autre question de sécurité [1].

Le rôle de l’IA dans la lutte contre les fausses nouvelles et la nécessité de la littératie médiatique

Alors que l’IA est utilisée pour créer des fausses nouvelles et des deepfakes, elle joue aussi un rôle central dans leur détection et leur suppression. Des plateformes comme Meta et TikTok collaborent avec le gouvernement néerlandais dans une vaste opération visant à supprimer le contenu profondément falsifié, et ont introduit de nouveaux outils basés sur l’IA pour accélérer la détection de la manipulation [1]. Cependant, l’échelle de la propagation reste un défi, car il est difficile de développer une technologie plus rapide que la génération même du contenu [2]. Pour le public, il est crucial de développer une littératie médiatique. Les lecteurs peuvent y parvenir en apprenant pourquoi les images et vidéos ne sont pas toujours fiables, en utilisant des outils de détection intégrés comme la recherche d’images inversée de Google ou Video Verify de Microsoft, et en croisant les informations avec des sources fiables [1][2]. La combinaison de solutions technologiques et de compétences critiques personnelles est essentielle pour préserver la sécurité de l’espace numérique [1].

Conseils concrets pour les lecteurs afin de détecter les fausses nouvelles et les deepfakes

Pour les lecteurs souhaitant éviter de devenir victimes de fraude liée à l’IA, plusieurs étapes concrètes peuvent être prises. Premièrement : faites attention aux appels à l’action inhabituels, comme des urgences pour envoyer de l’argent ou obtenir l’accès à un « événement exclusif », surtout s’ils viennent d’une personnalité connue [1]. Deuxièmement : utilisez des technologies comme la recherche d’images inversée pour vérifier si une image a déjà été publiée ailleurs [2]. Troisièmement : évitez de cliquer sur des liens dans les messages inattendus, en particulier s’ils proviennent de comptes inconnus ou via des canaux inhabituels [1]. Quatrièmement : utilisez la vérification en deux étapes sur tous vos comptes importants, comme recommandé dans la campagne du gouvernement néerlandais du 12 novembre 2025 [1]. Cinquièmement : signalez immédiatement tout contenu suspect à la plateforme où il apparaît, comme X ou Meta, afin qu’il puisse être examiné [2]. Ces mesures pratiques peuvent aider tout le monde à mieux comprendre les risques liés au contenu généré par l’IA.

Sources