Comment un robot d'IA choisit votre prochain livre – sans connaître votre nom
amsterdam, woensdag, 5 november 2025.
Imaginez : un livre qui correspond exactement à ce que vous aimez, avant même que vous ne le sachiez. Les bibliothèques néerlandaises commencent à expérimenter un système d’IA qui recommande des livres en fonction du comportement de lecture – sans jamais conserver de données personnelles. Ce qui frappe le plus ? L’utilisation de l’apprentissage automatique sans révéler l’identité de l’utilisateur. Ce compromis entre recommandations personnalisées et respect de la vie privée est actuellement testé dans 12 régions, avec un déploiement national prévu au début de 2026. Il ne s’agit pas de surveillance, mais de confiance – et c’est précisément ce qui compte dans la nouvelle bibliothèque numérique.
Une IA qui lit sans connaître votre nom
Depuis aujourd’hui, mercredi 5 novembre 2025, la Bibliothèque provinciale de Hollande du Nord met en place un nouveau système qui recommande des livres en fonction du comportement de lecture – sans jamais révéler l’identité de l’utilisateur. Ce système, lancé en phase de test le 1er novembre 2025, utilise l’apprentissage automatique pour analyser les schémas du comportement de lecture, comme les genres que vous choisissez fréquemment, la durée pendant laquelle vous lisez un ouvrage, ou votre retour vers certains auteurs [1]. Ces données sont traitées via une procédure d’anonymisation des données, mise en œuvre le 3 novembre 2025, garantissant que aucune information personnelle ne peut être directement associée à un utilisateur [1]. « La confidentialité du lecteur est au cœur de nos préoccupations : nous n’utilisons pas de données pouvant être directement associées à une personne » [1], explique Anneke van der Velden, directrice technique de la Bibliothèque provinciale de Hollande du Nord. Le système est actuellement intégré dans 12 bibliothèques provinciales et municipales, avec pour objectif de couvrir l’ensemble du pays d’ici le 1er janvier 2026 [1].
De la recherche générale à une recommandation personnalisée
Autrefois, les bibliothèques étaient surtout des gardiens de rayons : vous recherchiez un titre ou un auteur, et vous obteniez les livres demandés. Aujourd’hui, l’IA prend la place d’une recherche interminable. Au lieu de chercher manuellement, l’utilisateur reçoit désormais un livre « comme s’il était écrit de votre main », sans avoir à taper quoi que ce soit. Le système apprend du comportement de centaines d’utilisateurs ayant des goûts similaires, et propose des recommandations basées sur le comportement, et non sur l’identité [1]. Depuis longtemps, la Bibliothèque de l’Université d’Utrecht mène des recherches sur l’utilisation de l’IA pour accompagner les recherches scientifiques, en développant des outils pour offrir aux chercheurs plus rapidement des sources pertinentes [4]. Cela montre que le passage du catalogue traditionnel à des recommandations pilotées par l’IA n’est pas une exception, mais une accélération du numérique en recherche. L’intégration de l’IA dans les systèmes de recherche n’est donc pas un luxe, mais une étape nécessaire pour répondre à la demande croissante de données rapides et pertinentes.
L’assistant numérique qui choisit votre livre – sans vous reconnaître
Outre les recommandations, l’IA aide également à automatiser des processus autrefois chronophages. Ainsi, la catalogage de nouveaux livres et de ressources numériques est plus rapide, plus précis et plus cohérent. Le Archives nationaux et la Bibliothèque royale (KB) collaborent sur la numérisation de collections historiques, où l’IA est déjà utilisée pour restructurer des catalogues anciens et identifier des titres ambigus [3]. Sur le site du KB, il est clairement indiqué que l’avancée technologique favorise une diffusion plus rapide des opinions, et que l’IA joue un rôle dans le traitement de grandes quantités d’informations [3]. La Plateforme Promptotheek.nl, un outil gratuit pour les prompts d’IA néerlandais, propose également des outils pour optimiser les flux de travail avec l’IA dans les organisations, y compris les bibliothèques [5]. Bien que ces outils ne soient pas spécifiquement conçus pour les bibliothèques, ils montrent comment l’IA peut être systématiquement utilisée pour simplifier des tâches complexes – allant de la rédaction de descriptions à la gestion d’archives numériques. Cette automatisation transforme le rôle des bibliothécaires, qui passent de « gardiens d’archives » à « guides numériques ».
La lutte pour le contrôle des données à l’ère numérique
L’implémentation de l’IA dans les bibliothèques s’inscrit dans un débat plus large sur le pouvoir des données. En novembre 2025, on parle d’une « lutte pour le pouvoir » sur qui contrôle ce que nous lisons, comment nous lisons, et qui a accès à notre comportement de lecture [1]. Cette lutte ne concerne pas seulement l’État et les citoyens, mais aussi les entreprises technologiques et la société [1]. La Deuxième Chambre a adopté, le 2 novembre 2025, la Loi temporaire sur la cybersécurité, qui fixe un cadre réglementaire contraignant pour le CTIVD et le droit à un recours supérieur pour les services [1]. Cela montre que l’État est conscient du potentiel dangereux du traitement des données – même dans des secteurs comme les bibliothèques. Bits of Freedom a exprimé, le 3 novembre 2025, des inquiétudes quant à l’extension possible du contrôle public et aux restrictions à la vie privée, ce qui intensifie davantage le débat sur l’IA dans les services publics [1]. L’application de l’IA dans les bibliothèques devient donc non seulement une question technologique, mais aussi éthique et politique.
La transparence et la participation citoyenne comme fondement de la confiance
Sans transparence, même le meilleur système d’IA peut échouer. C’est pourquoi les bibliothèques néerlandaises insistent sur une « critique engagée » et la participation citoyenne dans le développement de l’IA [1]. La Commission nationale des bibliothèques a prévu une évaluation pour le 20 novembre 2025, qui examinera le fonctionnement du système, son efficacité, et sa conformité aux exigences de confidentialité [1]. Cette évaluation découle du concept de « contrôle par l’intelligence civique », où la transparence et la participation sociale sont centrales [1]. Les experts du domaine, comme Goede, Van Puyvelde, Bakir, Kniep et Roller, soulignent que l’« engagement à tous les niveaux » est essentiel : non seulement technique, mais aussi social et éthique [1]. L’équilibre entre recommandations personnalisées et respect de la vie privée n’est donc pas seulement résolu techniquement, mais aussi démocratiquement – par le biais de débats ouverts, de contrôle et d’apports publics.
L’avenir de la bibliothèque : bien plus qu’un simple magasin de livres
L’avenir de la bibliothèque repose non seulement sur la technologie, mais sur le lien entre les personnes et la connaissance. L’intégration de l’IA dans les services doit permettre une accessibilité accrue – non seulement pour les personnes ayant un haut niveau d’éducation, mais pour tous, y compris celles ayant des handicaps visuels ou cognitifs. La Bibliothèque Waterland organise une campagne où tout le pays lira ensemble un livre – Sous le paramaribo de Johan Fretz – afin de créer des expériences de lecture partagées [2]. Cela montre que la bibliothèque n’est pas seulement un lieu technologique, mais aussi culturel. L’IA peut ici aider à proposer des recommandations qui sont non seulement personnelles, mais aussi culturellement pertinentes – par exemple en enrichissant l’offre avec des livres issus de diverses origines. Le rôle du bibliothécaire évolue donc de « gestionnaire de livres » à « coordinateur de connaissances », qui accompagne, avec l’IA, chacun dans la découverte de son prochain livre.