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Comment le Vietnam utilise l'IA pour rendre l'administration plus intelligente

Comment le Vietnam utilise l'IA pour rendre l'administration plus intelligente
2025-11-28 voorlichting

Hanoi, vrijdag, 28 november 2025.
Lors de la conférence ICTA 2025 à Hanoï, une étape inattendue dans le développement de l’intelligence artificielle a été révélée : le Vietnam ne se concentre pas seulement sur l’avancée technologique, mais également sur des applications durables et inclusives dans le secteur public. L’un des développements les plus marquants a été le projet visant à intégrer l’IA dans 40 % des services publics d’ici cinq ans – allant de la santé à l’éducation. La conférence a démontré que le Vietnam n’est pas seulement un acteur en plein essor sur la scène de l’IA, mais aussi un pionnier dans la combinaison de l’innovation avec des objectifs sociaux. L’accent mis sur l’éthique, la fiabilité et l’adaptation locale en fait un exemple précieux pour d’autres pays d’Asie et au-delà.

L’IA dans le secteur public : de l’idée à la mise en œuvre

Lors de la 4e Conférence internationale sur les progrès en technologie de l’information et de la communication (ICTA 2025) à Hanoï, au Vietnam, un plan structuré a été dévoilé pour intégrer à grande échelle l’intelligence artificielle (IA) dans les services publics. Comme annoncé lors de la conférence, l’objectif est de mettre en œuvre l’IA dans au moins 40 % des services publics d’ici cinq ans, avec une attention particulière portée à des domaines sectoriels tels que la santé, l’éducation et la planification urbaine [1]. Cette stratégie constitue une réponse directe à la pression croissante exercée sur les institutions publiques et la nécessité de solutions plus efficaces et évolutives. La conférence, organisée par l’Institut de technologie de l’information de l’Université nationale du Vietnam et l’Université de technologie de l’information et des communications de Thai Nguyen, a servi de plateforme pour l’échange de connaissances, l’annonce de nouvelles technologies et le renforcement de la coopération internationale en matière d’IA [1]. L’un des résultats les plus marquants a été le lancement de l’Hub national d’innovation en IA à Hanoï, doté d’un financement initial de 350 milliards de dongs vietnamiens (environ 12,7 millions d’euros) provenant du ministère de la Technologie de l’information et de la communication [1]. Cet initiative souligne que le Vietnam ne se contente pas d’être en avance technologiquement, mais qu’il possède également une vision stratégique pour une innovation durable et sociale dans l’administration numérique.

Information personnalisée et accessibilité pour des publics diversifiés

Un objectif central de la stratégie vietnamienne en matière d’IA est d’améliorer la transmission d’informations auprès de diverses catégories de citoyens, y compris les personnes en situation de handicap, les personnes âgées et les communautés peu alphabétisées. Lors de l’ICTA 2025, un prototype d’une plateforme d’information pilotée par l’IA a été présenté, capable de convertir automatiquement des informations administratives complexes en langage plus simple, en fonction du niveau de lecture et des préférences linguistiques de l’utilisateur. Ce système utilise le traitement du langage naturel (NLP) et des modèles d’apprentissage adaptatifs pour ajuster le contenu en fonction des utilisateurs individuels, une approche décrite dans la recherche en IA, notamment dans les sous-domaines de la représentation du langage et de l’analyse sémantique [2]. Pour les personnes atteintes de déficiences visuelles, une module de synthèse vocale et de description d’images est en cours de développement, intégré aux applications mobiles de l’administration. Cette application repose sur des technologies émergentes en vision par ordinateur et en informatique émotionnelle, telles que celles mises en œuvre ces dernières années dans des systèmes comme Kismet [2]. L’objectif est de réduire le fossé numérique et de garantir que les informations soient non seulement accessibles, mais également significatives et pertinentes pour chaque citoyen. L’efficacité de ces systèmes est mesurée à l’aide d’analyses d’utilisation et de tests utilisateurs, où la fiabilité des sorties de l’IA joue un rôle clé [1].

Chatbots et automatisation dans la prestation de services publics

L’une des applications les plus concrètes de l’IA dans le secteur public vietnamien est l’implémentation de chatbots pilotés par l’intelligence artificielle pour la prestation de services. Au cours de l’ICTA 2025, plusieurs prototypes ont été présentés, capables de répondre avec une grande précision à des questions complexes sur la sécurité sociale, les déclarations fiscales et la santé. Ces chatbots sont basés sur des modèles d’IA générative avancés, tels que ceux utilisés dans la famille GPT, et s’appuient sur le principe du « renforcement par feedback humain » (RLHF) pour minimiser les erreurs dans les réponses [2]. Dans un projet pilote mené dans la ville de Hanoï, ces chatbots ont été déployés au sein des services municipaux locaux, entraînant une diminution du temps moyen de traitement des demandes de 18 minutes à 4,2 minutes en deux mois après le déploiement [1]. En outre, une analyse des retours des utilisateurs montre une augmentation de la satisfaction passant de 58 % à 89 % sur la même période [1]. La technologie a été conçue selon un cadre éthique mettant l’accent sur la transparence, la protection de la vie privée et l’évitement des erreurs prévisibles, comme les « hallucinations » présentes dans certaines réponses d’IA [2]. L’architecture du système repose sur un modèle hybride utilisant à la fois des données locales et des sources ouvertes, ce qui améliore la fiabilité et réduit la dépendance vis-à-vis de plateformes externes [1].

Campagnes d’information pilotées par l’IA et mesure de l’efficacité

Le Vietnam expérimente également des campagnes d’information pilotées par l’IA, conçues pour atteindre des publics larges et diversifiés. Lors de l’ICTA 2025, une démonstration a été donnée d’un système capable d’adapter automatiquement les messages sur les réseaux sociaux en fonction de la langue, de la culture et du style de communication de groupes spécifiques, tels que les jeunes, les agriculteurs ou les immigrants. Ceci est rendu possible grâce à l’utilisation d’algorithmes avancés d’analyse du sentiment, de génération de profils linguistiques et de modélisation des réseaux sociaux [2]. L’efficacité de ces campagnes est mesurée à l’aide d’analyses en temps réel, tirant parti des données sur les clics, les taux de réaction et les graphiques de conversion. Ces données sont utilisées pour optimiser continuellement la stratégie de campagne via l’apprentissage automatique, permettant au système d’apprendre quels messages sont les plus convaincants pour chaque groupe [1]. La première phase pilote, axée sur l’information vaccinale dans les zones agricoles, a entraîné une augmentation de la prédisposition à se faire vacciner de 23 % en trois mois, comparée à une campagne classique sans IA [1]. De plus, le système utilise une approche « IA explicable », telle que développée par l’Institut britannique pour la sécurité de l’IA, pour rendre explicites les raisons derrière chaque recommandation d’action, ce qui favorise la transparence et renforce la confiance dans la technologie [2].

Défis liés à la vie privée, à l’inclusivité et à la fiabilité

Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent, notamment en matière de vie privée, d’inclusivité et de fiabilité des systèmes d’IA. Lors des discussions lors de l’ICTA 2025, il a été souligné que les sorties erronées des systèmes d’IA, comme celles du outil d’évaluation du risque COMPAS, peuvent entraîner une injustice systémique, même lorsque les modèles sont « équivalents » par groupe [2]. Bien que le Vietnam ne fournisse pas de chiffres précis sur les biais présents dans ses propres systèmes, l’utilisation du principe « équité par aveuglement » est explicitement rejetée, comme l’a noté le chercheur Moritz Hardt, qui affirme que « le fait le plus robuste dans cette recherche est que l’équité par aveuglement ne fonctionne pas » [2]. Pour éviter cela, une commission nationale d’audit a été mise en place pour contrôler régulièrement les discriminations dans les applications d’IA. Par ailleurs, des préoccupations existent quant à l’impact énergétique et environnemental des centres de données d’IA. Selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA), la consommation énergétique de l’IA pourrait générer 180 millions de tonnes de CO₂ en 2025, et pourrait augmenter jusqu’à 300 à 500 millions de tonnes sans mesures correctives [2]. Au Vietnam, une évaluation énergétique obligatoire a donc été introduite pour tous les nouveaux projets d’IA, avec pour objectif d’obtenir 70 % de l’énergie à partir de sources renouvelables pour l’infrastructure publique d’IA [1]. En outre, un engagement public en matière d’IA est en cours de développement afin de garantir la transparence et la responsabilité des décisions prises par l’IA, en cohérence avec le règlement européen sur l’IA et la Convention-cadre du Conseil de l’Europe [2].

Sources