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Comment un président a exercé une pression sur les médias : le secret de la « chambre grise » de Washington

Comment un président a exercé une pression sur les médias : le secret de la « chambre grise » de Washington
2025-12-09 journalistiek

Washington D.C., dinsdag, 9 december 2025.
Au cours du second mandat de Donald Trump, le climat médiatique américain a évolué plus rapidement que jamais. Alors que les journalistes continuent à mener des enquêtes critiques, les grands propriétaires de médias — comme le nouveau patron de CBS ou la nouvelle direction du The Washington Post — ont été soumis à des procédures judiciaires, des sanctions économiques et des menaces politiques. Ce qui est le plus inquiétant ? L’un des plus puissants oligarques médiatiques, Larry Ellison, a travaillé main dans la main avec la Maison Blanche afin d’obtenir le contrôle de CNN — et a même été félicité par Trump comme « le plus grand pas vers une presse libre et ouverte ». Ces stratégies, comparables à celles de Viktor Orban en Hongrie, révèlent comment le pouvoir politique peut enfin s’immiscer dans les médias, non par une censure directe, mais par une pression financière et juridique. Résultat : une presse qui s’autocensure elle-même, tandis que la vérité disparaît dans l’ombre.

La technologie derrière la vigilance : comment Alphabet utilise l’IA pour démasquer les deepfakes

Mardi 9 décembre 2025, Alphabet a lancé un outil d’IA en temps réel pour détecter les deepfakes sur YouTube, une mesure qui influence de manière cruciale la sécurité numérique de millions d’utilisateurs dans l’Occident à un moment clé. L’outil, développé par Google DeepMind, utilise des modèles avancés d’apprentissage automatique entraînés sur plus de 10 millions d’exemples vidéo pour repérer des différences subtiles dans les expressions faciales, la synchronisation audio-visuelle et les anomalies de lumière [1]. Lors d’une phase de test interne entre le 15 novembre 2025 et le 5 décembre 2025, la précision du système a été mesurée à 98,7 % dans l’identification des vidéos manipulées parmi 127 000 vidéos testées [1]. L’outil est désormais actif pour tout contenu téléchargé aux États-Unis, dans l’Union européenne et au Japon, avec des plans pour une extension à l’Inde et au Brésil en mars 2026 [1]. Prabhakar Raghavan, directeur technique d’Alphabet, a souligné que l’objectif de cet outil est de protéger les utilisateurs contre les campagnes de désinformation pouvant nuire aux processus démocratiques [1]. La docteure Elena Vasquez, conseillère en éthique de l’IA chez Google DeepMind, l’a qualifié d’« mesure défensive contre l’armement de l’IA dans le discours politique » [1]. Bien que l’outil soit opérationnel depuis le 6 décembre 2025 [1], son extension à l’Inde et au Brésil reste non confirmée, ce qui [alerte ! ‘la date exacte de mise en service dans ces pays n’est pas confirmée’]. Cette technologie répond à une inquiétude croissante concernant l’utilisation de la manipulation pilotée par l’IA dans les campagnes politiques, comme observé lors de la préparation des élections présidentielles américaines de 2024 et de la phase suivante du second mandat de Trump [1].

De la critique à la conformité : l’oppression des oligarques médiatiques durant le second mandat de Trump

Au cours du second mandat de Donald Trump, l’image des médias américains s’est transformée, passant d’un organe de surveillance indépendant à un instrument d’obéissance politique. Selon Media Matters, la pression exercée sur les oligarques médiatiques a considérablement augmenté grâce à une combinaison de pouvoir étatique, de procédures judiciaires et de sanctions économiques [2]. Ces stratégies ressemblent fortement à celles mises en œuvre par Viktor Orban en Hongrie, où l’État a sapé l’indépendance de la presse par la réglementation et la pression économique [2]. Un exemple frappant est l’acquisition de CBS News par Skydance Media, dont David Ellison, fils de Larry Ellison, a pris la direction après l’approbation de la Federal Communications Commission le 1er juillet 2025 [2]. Les mois suivants ont vu des restructurations draconiennes, notamment le licenciement de près de 100 employés de CBS News, particulièrement dans les départements dédiés au climat, à la race et à la culture [2]. Le 2 novembre 2025, Trump a salué cette acquisition comme « la plus grande avancée depuis longtemps pour une presse libre, ouverte et saine », ce qui a fourni un soutien direct à une structure médiatique intégrée au pouvoir politique [2]. Par ailleurs, en 2025, Jeff Bezos, propriétaire du The Washington Post, a été confronté à une pression interne pour restructurer la page des opinions. Le 26 février 2025, Bezos a demandé que la page des opinions défende toujours « les libertés individuelles et les marchés libres », ce qui a conduit à la démission de l’éditeur d’opinion David Shipley [2]. En juin 2025, Adam O’Neal a été nommé nouveau directeur des opinions, qui a ensuite supervisé le licenciement de journalistes expérimentés comme Alyssa Rosenberg et l’embauche de rédacteurs conservateurs [2]. Ces changements ont entraîné une forte baisse des abonnés : selon David Folkenflik de NPR, la perte nette d’abonnés du The Washington Post à la fin février 2025 s’élevait à « quelques centaines de milliers » [2]. Ces évolutions dans la structure médiatique américaine montrent comment l’indépendance économique et la pression politique peuvent s’associer pour miner l’intégrité journalistique.

Le danger de l’influence politique par le biais des propriétaires médiatiques : le cas de Warner Bros. Discovery

Les stratégies de Trump pour exercer une pression sur les oligarques médiatiques ne se limitent pas à CBS et au The Washington Post. L’avenir de Warner Bros. Discovery (WBD) est devenu un pilier central dans la lutte politique pour le contrôle des médias américains. Le 31 octobre 2025, le New York Post a révélé que Trump visait à transférer WBD aux mains des Ellison, car il souhaitait obtenir des informations « favorables » provenant de sa propre chaîne CNN [2]. La préférence de Trump pour l’acquisition par Skydance repose sur l’idée que les Ellison — notamment Larry Ellison, un allié connu de Trump — manipuleraient les médias dans une direction plus favorable [2]. La Maison Blanche aurait été en discussion avec Ellison sur le remplacement de présentateurs de CNN tels qu’Erin Burnett et Brianna Keilar, en cas de rachat abouti [2]. Par ailleurs, le gouvernement a menacé d’exercer une « surveillance sévère » sur d’autres soumissionnaires intéressés par WBD, ce qui constituait un signal clair de pression économique et juridique [2]. Bien que les plans d’acquisition de WBD ne soient pas encore finalisés, les indices suggèrent que le président réorganise systématiquement la structure médiatique selon ses préférences [2]. Cette approche, où l’État et le secteur privé collaborent pour créer un écosystème médiatique conforme aux objectifs politiques, annonce une nouvelle forme de transformation médiatique, non fondée sur une censure directe, mais alimentée par des pressions financières et juridiques [2].

La frontière entre technologie et manipulation : questions éthiques autour de l’IA dans le journalisme

Alors qu’Alphabet offre un outil puissant pour détecter les deepfakes, les implications éthiques de la technologie dans le journalisme restent complexes. L’outil d’IA en temps réel pour YouTube est conçu pour prévenir la désinformation, mais le risque subsiste que de tels systèmes soient également intégrés dans des mécanismes de censure, en particulier lorsque leur application est déterminée par des influences publiques ou des intérêts commerciaux [1]. Le docteur Marcus Bell de l’Observatoire Internet de Stanford a souligné que le système représente une « avancée critique » dans la lutte contre la désinformation pilotée par l’IA, tout en avertissant que « rien n’est exclu quant à son utilisation pour réprimer la critique politique » [1]. L’application de l’IA dans les médias ne se limite pas à la détection : par exemple, en 2024, Patrick Soon-Shiong, propriétaire du Los Angeles Times, avait annoncé un « indicateur de biais » pour les articles d’opinion, qui a été retiré en 2025 après avoir été accusé de « minimiser » le Ku Klux Klan [2]. En 2025, Soon-Shiong a également lancé « LA Times Studios », où des influenceurs lisent des scénarios générés par l’IA, remettant en question la valeur du journalisme humain [2]. De plus, une inquiétude croissante existe quant au fait que le contenu piloté par l’IA soit moins transparent que les articles humains, ce qui peut affaiblir la confiance du lecteur [1]. La combinaison de la technologie, du pouvoir économique et de la pression politique donne naissance à un nouvel écosystème où la vérité n’est plus déterminée uniquement par des faits, mais aussi par des algorithmes, des propriétaires et des préférences politiques [1][2].

Sources