Les sondages dominent les médias électoraux : quelles en sont les conséquences ?
amsterdam, vrijdag, 24 oktober 2025.
Kim van Keken a étudié l’influence des sondages sur la campagne électorale et les pratiques journalistiques. Sa recherche montre que les sondages prennent une place de plus en plus importante dans les médias et comment ils influencent l’agenda tant des politiciens que des journalistes. Cela soulève des questions sur l’autocontrôle dans le journalisme et la responsabilité des médias d’utiliser les sondages de manière responsable.
Les sondages comme moteur d’information : l’observation
Les sondages déterminent de plus en plus quels thèmes sont jugés dignes d’intérêt : commentateurs, journalistes et hommes politiques renvoient à plusieurs reprises à des moments de mesure pour former et légitimer des récits politiques, selon une recherche journalistique récente sur le rôle des sondages dans la campagne électorale [1]. Cette domination modifie les choix rédactionnels — des titres aux personnes interviewées — et impose une responsabilité accrue aux organisations de presse pour interpréter soigneusement les informations sur les sondages [1].
Un changement réel du nombre de sièges — un exemple de calcul
Les sondages montrent, pour l’élection du 29 octobre 2025, une estimation selon laquelle le PVV obtiendrait 34 sièges contre 37 sièges lors des élections de 2023 ; il s’agit d’une baisse qui, en termes relatifs, peut être exprimée comme une variation de -8,108 pour cent du nombre de sièges [4].
Pourquoi le cadrage compte : les sondages influencent les actions des politiciens et des électeurs
Les politologues mettent en garde que ce ne sont pas seulement les chiffres en eux-mêmes qui peuvent avoir un effet, mais surtout la manière dont les sondages sont cadrés dans la couverture — par exemple en mettant en avant des différences minimes ou en construisant des récits autour de partis « gagnants » ou « en baisse » — ce qui peut provoquer des réactions autorenforçantes chez les politiciens et les électeurs [2]. Tom Louwerse (Peilingwijzer) souligne que les sondages sont utiles, mais qu’une mauvaise utilisation — comme l’exagération de petits écarts de sièges — peut conduire à des dynamiques médiatiques et politiques indésirables [2].
Usage spécifique de l’IA en journalisme : analyse et production automatisées de sondages
Une application concrète de l’intelligence artificielle dans les rédactions est la récupération automatique, l’agrégation et la génération d’analyses de sondages : des systèmes combinent plusieurs sondages, calculent des moyennes pondérées d’échantillons ou des estimations de sièges et produisent des premières versions d’articles ou de graphiques que les rédactions éditent ensuite [5][6]. Des initiatives et stratégies politiques européennes encouragent les organisations à utiliser l’IA pour le traitement évolutif des données et l’optimisation des flux de contenu, y compris — explicitement — des applications qui surveillent et visualisent les sondages et l’opinion publique [5].
Comment ces systèmes d’IA fonctionnent techniquement
Sous le capot, bon nombre de ces outils utilisent des workflows combinés : des scripts de collecte de données récupèrent les résultats des sondages, des modules statistiques (parfois basés sur des régressions classiques ou une agrégation bayésienne) harmonisent les définitions, et des modèles linguistiques ou générateurs de modèles transforment les résultats en propositions de texte et en graphiques pouvant être insérés directement dans les CMS rédactionnels [6][5]. Studiohonderd22 décrit les stratégies et taxonomies d’IA contemporaines qui soutiennent techniquement et organisationnellement des cas d’usage rédactionnels tels que celui-ci [6][5].
Avantages pour la production et la consommation d’information
Les produits de sondage pilotés par l’IA accélèrent la production d’information (publication plus rapide de résumés et de visuels), rendent des jeux de données complexes plus accessibles aux rédactions ayant une capacité statistique limitée et contribuent à maintenir la cohérence dans une couverture répétée — des avantages qui peuvent accroître l’efficacité des rédactions et la portée auprès du public [5][6]. L’automatisation peut aussi permettre une surveillance 24h/24, permettant aux rédactions de détecter plus tôt des tendances que le public aurait autrement remarquées plus tard [5].
Risques et inconvénients : mauvaise utilisation et dangers épistémiques
Simultanément, l’automatisation et l’IA apportent de nouveaux risques : l’exagération de petites fluctuations, la présentation d’une précision injustifiée et la normalisation d’un agenda dominé par les sondages où la nuance rédactionnelle et la vérification méthodologique passent au second plan — précisément les préoccupations exprimées dans les recherches qualitatives sur la domination des sondages [1][2]. De plus, le débat public sur le bien‑être numérique et l’abus des technologies met en garde que l’utilisation négligente de contenus automatisés peut contribuer à la polarisation et à la perturbation de l’environnement informationnel démocratique [3].
Points éthiques spécifiques pour la couverture des sondages pilotée par l’IA
Les points éthiques importants auxquels les rédactions doivent prêter attention sont la transparence sur les modèles et sources utilisés, la mention explicite des marges d’incertitude et des limites méthodologiques, et le contrôle éditorial humain des textes automatiques pour prévenir les biais de cadrage [1][2][5]. Les débats réglementaires et sociétaux sur l’IA et les services numériques soulignent aussi que les solutions techniques ne doivent pas être dissociées des politiques et des codes journalistiques — surtout lorsque les deepfakes, les fausses photos ou la désinformation automatisée sont déjà des sujets de préoccupation dans les programmes politiques et le débat public [3][6].
Recommandations pratiques pour les rédactions (opérationnalisables)
L’autocontrôle journalistique peut se concrétiser par : a) des formats et modèles fixes qui affichent toujours les marges d’incertitude et les informations d’échantillonnage ; b) l’obligation d’une relecture humaine finale pour les textes de sondage générés par l’IA ; c) des contrôles périodiques de la méthodologie des sondages ; et d) la fourniture de métadonnées lisibles avec les visuels automatisés — des mesures qui renforcent à la fois la fiabilité et la responsabilité publique [1][2][5].
Temporalité et contexte des observations
Les exemples et avertissements évoqués se situent au cœur de la campagne électorale actuelle, peu avant les élections du 29 octobre 2025, où les sondages colorent visiblement la couverture et incitent chercheurs, journalistes et rédactions à réfléchir à leurs méthodes et responsabilités [4][1][2].